H  E  M

Les explosions des deux dépôts de munitions :

les châteaux Olivier et de la Marquise

 

Pourquoi les occupants avaient-ils choisi la banlieue roubaisienne pour y installer leur plus important dépôt de munitions ? Combien de fois n’avons-nous pas frémi à ces mots de « Château de la Marquise » et de « Château Olivier » ? Ces énormes dépôts de munitions les plus diverses explosèrent le samedi 2 septembre, de 17 h. à la nuit tombée.

 

Un spectacle de désolation parmi l'allégresse générale

 

Dans un rayon d'un kilomètre autour du Château Olivier, l’œil ne contemple plus aujourd'hui qu'un immense champ de désolation. Des fermes ont brûlé ; sur les routes, dans les champs, une multitude d'obus de tous calibres non éclatés, douilles, troncs d'arbres, ferrailles, jonchent le sol.

 

Pas une des maisons des lotissements avoisinants n'a été épargnée. Elles paraissent avoir subi un siège de plusieurs jours, tant elles ont souffert. Seules, les murs ont résisté, mais des ouvertures béantes subsistent à l'emplacement des portes et des fenêtres. A l'intérieur des habitations règne un désordre indescriptible : meubles disloqués, buffets éventrés, lustres arrachés.

 

Ceux qui se sont dévoués

 

Qui ne connait le « botteux »  ?... M. Jules Parez, mutilé de la guerre de 1914-18, demeure 15, rue de l’Abbé Lémire. Dès le premier jour de l'occupation. Il opposa une farouche volonté de résistance à l'envahisseur, ce qui lui valut d'être arrêté en 1940.

 

Samedi, vers 16 h., il apprit qu'on allait faire sauter tout le dépôt, à I'aide d'un dispositif électrique.

« Si l'on pouvait provoquer un court-circuit, lui dit un électricien, l'explosion n'aurait pas lieu.

« Mais comment procéder ?

« Avec une barre de fer qui toucherait simultanément les trois fils à haute tension. »

 

 M. Jules Parez, aidé de M. Jean Delahaye, se procure le matériel nécessaire et, après avoir fixé la barre de fer à un cordon, il s’en va jeter le tout à la hauteur des « Cinq maisons » rue de la Lionderie.

L’expérience a réussi, car quelques instants plus tard, un soldat va demander dans les maisons voisines s’il y a panne de courant. Et il se rend compte qu’il y a eu sabotage.

Les allemands utilisèrent alors un cordon enflammé et, au lieu d’une explosion unique, qui aurait causé beaucoup plus de dégâts, les munitions sautèrent pendant près de cinq heures. Le cadavre mutilé du soldat qui était resté le dernier sur place fut retrouvé dimanche.

 

Fac-similé du journal de l’époque